Prospect Station - Le Bal des nova
Performance au pavillon français de la Biennale d’architecture de Venise
19-26 Novembre 2023
Sous la direction d'Alice Carabédian, Caroline Gallez, Fanny Lopez
avec Camille Baloux, Claire Rose Barbier, Marthe Drucbert, Gabriel Fabre, François Gendre, Anne-Laurence Rault
« Il faut savoir danser » disait Farkas Molnar décrivant les célèbres soirées costumées du Bauhaus.
Parce que le corps est au centre du bal et que le Ball Theater est la scène centrale du pavillon, Prospect Station ambitionne dans une dynamique de recherche-création de penser et créer une série de costumes architecturaux, techniques, portatifs, actionnables, mécanisés et science-fictionnés. En contexte d'urgence environnementale, l'utopie permet de renouveler les imaginaires sociotechniques. Croisant la pratique artistique, les champs théoriques de l’architecture, la science-fiction, l’histoire des techniques et les études urbaines, chaque costume incarne une problématique architecturale, sociotechnique, environnementale et politique. Entre innovation high-tech et réflexivité low-tech, ces costumes natureculture sont autant d’objets-récits, pivots d’une réflexion sur les rapports entre technique, environnement et façons d’habiter le monde.
Contexte
Porté par l’agence Studio Muoto (fondée par Gilles Delalex et Yves Moreau), associée à Georgi Stanishev et Clémence La Sagna pour la scénographie, Jos Auzende, commissaire associée, et Anna Tardivel pour la programmation, le projet «Ball Theater/La fête n’est pas finie» a été retenue par l'Institut français pour représenter la France à la 18è Biennale de Venise. Cette architecture sonore, installation scénique spectaculaire, répondant au thème de cette édition 2023 : « The laboratory of the Future / Le laboratoire du Futur » (commissaire générale Lesley Lokko) a accueilli durant 10 jours le projet Prospect Station qui s’inscrit dans la continuité d’un projet de recherche international (AIMCI 2020 Speculative fiction for energy Infrastructures) porté par le laboratoire OCS de l’Ensa Paris, sous la direction de F. Lopez et A. Carabédian.
Recherche-création sur les utopies socio-techniques
Le projet réunit des chercheur.euses, des artistes, des militant-e-s, des architectes autour de la création collective de costumes architecturaux qui incarnent plusieurs figures utopiques. Par leur forme incorporée, mobile, ces costumes favorisent une appréhension décalée des relations entre technique, environnement et manières d'habiter le monde. Nous insistons sur la puissance créative de l’utopie, une utopie abordée non pas seulement comme idéal ou futur souhaitable, mais comme moyen d’approcher l’altérité, de se mettre en mouvement, de politiser nos rapports au monde de réfléchir aux bouleversements, décentrements, dynamiques issus de ces rencontres.
Donner forme aux nova
Les objets imaginaires de la science-fiction (SF), déclencheurs d’altérité ou nova, déploient des mondes, à l’exemple du télécran de 1984, quintessence du totalitarisme de Big Brother. La SF regorge aussi d’une multitude d’artefacts techniques positifs structurant des univers fictifs et des spatialités politiques, dans un aller-retour entre innovations et transformations possibles de la société. Chaque costume, créé comme un novum utopique, incarne une problématique sociale, architecturale, technique, environnementale. Le costume est une œuvre portée dont chaque élément évoque un aspect d'une idée complexe. Comme un objet-frontière, il est un moyen de rencontre entre les mondes sociaux, il donne une réalité matérielle à la culture de l’utopie architecturale et science-fictive.
Prospect Station
Prospect Station se veut être la réponse utopique à la multitude de nova dystopiques qui enserrent nos imaginaires communs. Les nova que crée l’équipe Prospect Station, dans toute son extravagance, sont des costumes architecturaux et techniques, portatifs, vivants, mobiles, actionnables, mécanisés, joyeux ironiques et sérieux. De façon performative, ces nova-costumes cyborgs, en déjouant les ordres et les normes, nous font goûter quelques-unes des joies de l’utopie. Car… Qu’est-ce que l’utopie ? Le moyen de transformer la société par des détours hors du réel, là où tout est possible. Le jeu et le détournement ayant grande valeur utopique et étant un ciment des collectifs politiques, nous avons souhaité par la dimension science-fictionnelle sortir ces objets techniques de leur seul utilitarisme et de les augmenter d’une problématique cosmopolitique non-unifiée (et festive !). L’attitude D.I.Y. (Do It Yourself) a permis à chacun-e de se saisir des enjeux entre technique, environnement et questions sociales, dans une approche pluridisciplinaire. Les micro-infrastructures natureculture ainsi inventés constituent à la fois un outil d’un collectif politique et un outil faisant un lien avec un dehors, un ailleurs, dans une xéno-altérité.
Déroulé de la recherche-création, l’histoire du Bal des Nova
A l’initiative d’Alice Carabédian (philosophe) et Fanny Lopez (professeur Ensa Paris Malaquais, chercheuse associé à l’OCS) en collaboration avec Caroline Gallez (directrice de recherche à l’Université Gustave Eiffel – LVMT ) ce projet a reçu le soutien de l’Eavt, de l’Université Gustave Eiffel et de son programme I-Site Futures. La première étape a été de réunir un équipage multidisciplinaire. Ainsi se sont réunis Camille Baloux, étudiante architecte à l’EAVT et secouriste ; Claire Rose Barbier, artiste-plasticienne et musicienne ; Marthe Drucbert, artiste et médiatrice culturelle ; Gabriel Fabre, étudiant à l’EAVT et architecte essayeur ; François Gendre, explorateur plasticien post-ingé ; Anne-Laurence Rault, paysanne metteuse en scène d’espaces. S’inspirant d’un texte de fiction d’A. Carabédian, Quelques Nova de Nulle Part, l’équipe s’est alors mise en tête de lister les problématiques sociotechnique qui lui tenaient à cœur (de la question de la mobilité à celle de la distribution électrique, de la communication avec le vivant à celle des rites ou du stockage de l’eau, etc.) et à propulser ces questionnements dans le monde fictif. Puis il a fallu donner forme et corps à ces problématiques et essayer de refaire passer dans le réel ce qui avait été propulsé dans la fiction. Comment illustrer, fabriquer, designer, architecturer ces questions ? Et comment le faire de façon utopique ? Quel(s) monde(s) ces objets radicalement nouveaux et étranges doivent-ils représenter et incarner ? Après maintes discussions collectives, ainsi a commencé le long travail, résolument D.I.Y., artisanal, expérimental, mélangeant débrouille et savoir-faire techniques, qui consistait à fabriquer ce qui n’était encore que des mots et des croquis : la fabrique des costumes. Une première version des 8 costumes envisagés a été fabriqué lors du festival sur les imaginaires techniques à Mellionnec dans les Côtes d’Armor, La Machine dans le jardin, en août 2023. L’équipe a pu défiler avec ses costumes devant le public du festival, avec en fond sonore une lecture des caractéristiques techniques et de l’histoire de chaque création. Il a ensuite fallu retourner à l’atelier pour réaliser les versions 2.0 des nova utopiques, plus sophistiquées et plus extravagantes, pour également écrire les notices de fabrication et d’utilisation qui accompagnait chaque costume, pour dessiner les notices techniques de fonctionnement, et enfin pour mettre en scène le bal des nova qui devait avoir lieu tous les soirs du 19 au 26 novembre 2023 au Pavillon français de la biennale d’architecture de Venise devant un public international toujours plus nombreux.
Costumes présentés :
MULTILOGUE TEMPO
AGORAMAGE
FONTAINE-Ô-GRAINES
ISLECTRICUM DISCONTINUE
COLORAJUNCUS
SUPER PILOSTROBILE AMBULANTE
AURA
A-Liés
Biennale de Venise : résidence performance dans le pavillon français 19-26 Novembre 2023
L'expérience commence avec la découverte de la surface chromée de l'architecture sphérique à l'entrée du pavillon. Occupant l'essentiel de la pièce centrale, recouverte d'une fine maille métallique, elle joue des effets d’architecture monumentale avec des dimensions restreintes. Conçu comme un système radio, le Ball Theater vibre, résonne, respire. Dans une atmosphère sonore, lumineuse, énigmatique et magique, les visiteurs découvrent l’intérieur de la sphère : une scène, des gradins, un système son. Ils entrent en contact avec ce dispositif relationnel : observer le montage des costumes, participer à des temps d’échanges, des conférences et des ateliers d’écriture, déambuler parmi les œuvres in progress, et le soir venu : regarder les costumes prendre vie et assister aux performances les mettant en scène. Le bal commence.
XVIIIe Biennale d’architecture de Venise
Pavillon français Ball Theater / La fête n’est pas finie
Le bal des Nova 20-25 novembre 2023
Lundi 20 novembre
Dès 10h : installation de l’équipe de Prospect station
Mardi 21 novembre
11h : conférence La science-fiction, vaisseau de l’Utopie radicale, Alice Carabédian
15h : workshop montage costumes
Mercredi 22 novembre
11h : conférence Architecture et utopies techniques, Fanny Lopez
15h-17h : workshop montage costumes
17h-18h : CosmoDéfilé
Jeudi 23 novembre
14h-17h : atelier d’écriture fiction
17h-18h : CosmoDéfilé
Vendredi 24 novembre
11h-13h : atelier d’écriture fiction
17h-18h : CosmoDéfilé
Samedi 25 novembre
10h : conférence La dystopie un récit positif pour l’architecture, Dominique Rouillard
15h-16h : discussion Projeter des utopies avec Alice Carabédian, Gilles Delalex, Georgi Stanichev architectes et commissaires du Ball Thearter
17h-18h : CosmoDéfilé
Dimanche 26 novembre
Démontage