École d’architecture
de la ville & des territoires
Paris-Est

Mariabruna Fabrizi

    La construction de l’imaginaire des architectes

    À partir du XXe siècle, la production architecturale est connue presque exclusivement à travers ses représentations reproduites dans des magazines spécialisés et des expositions. Aujourd’hui, à plus forte raison, la production architecturale est répandue et expérimentée davantage à travers des moyens de reproduction qui abstraient les bâtiments, les théories et les dessins de projet de leur contexte immédiat (matériel, temporel, et critique) pour les projeter vers un univers où plusieurs codes visuels ou stylistiques coexistent d’une façon apparemment chaotique.

    La question de l’influence sur la production architecturale de la diffusion massive – et souvent décontextualisée – de l’image et du document d’architecture suite à la révolution informatique et web se situe dans le cadre plus vaste du thème de la construction de l’imaginaire qui se développe en amont des projets d’architecture. Il s’agit ici de comprendre comment les modalités de sélection et d’organisation (physique et mentale) de documents visuels ont une influence sur les modalités de conception d’un projet. Dans ce cadre, la diffusion contemporaine de l’image à travers les médias informatiques et les réseaux sociaux est considérée comme un état limite : une matérialisation, même si numérique, d’un imaginaire devenu collectif et partageable. L’analyse de la mise en forme d’un imaginaire lié à la conception architecturale doit considérer le caractère spécifique des types d’images destinés à concevoir ou à véhiculer les projets architecturaux. Les images et les documents d’architecture entretiennent des liens spécifiques avec les projets, construits ou non, qu’ils représentent, mais ils sont aussi caractérisés par leur propre autonomie formelle et conceptuelle.

    La recherche se structure sur un double parcours : d’un côté elle interroge les modalités de construction de l’imaginaire précédant la production des projets d’architecture, et de l’autre elle analyse la capacité des médias contemporains à incarner un imaginaire partagé, prenant la forme d’un environnement qui pourra à son tour influencer la production des architectes qui le traversent métaphoriquement. La recherche entend suivre une démarche circulaire : En explorant d’abord la rencontre entre un architecte et des références (souvent incarnées par des images), elle investiguera ensuite sur les façons dont ces mêmes images sont sélectionnées et organisées à travers une variété de systèmes par les architectes, pour être traduites, finalement, en un imaginaire « matérialisé ». Cet imaginaire peut se traduire dans le projet d’architecture. Le processus « métabolique » est complet alors que le même projet, transformé en image partageable, se retrouve à nourrir un imaginaire collectif dans la forme de flux d’informations visuels dispatchés spécialement à travers les réseaux informatiques. À partir de cette localisation l’image redevient capable d’influencer l’imaginaire et donc la production successive d’autres architectes.

    Mariabruna Fabrizi

    Thèse de doctorat en architecture préparée sous la direction de Sébastien Marot depuis 2018.

    Image : Mariabruna Fabrizi, Fosco Lucarelli, Detail from the Exhibition "Inner Space", Lisbon Triennale 2019, MNAC, photo by Fabio Cunha.

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