Félicien Pecquet-Caumeil
Risquer d’habiter, en terres caribéennes
Analyse transcalaire d’une recomposition littorale créole
Le littoral est l’interface entre les milieux terrestre et marin. Cette épaisseur de superposition des dynamiques naturelles héberge plus des deux tiers de la population mondiale [Perrin, 2013]. Alors que cette dynamique démographique ne cesse de s’aggraver, le changement climatique exacerbe les aléas littoraux. Les historiens et géographes ont démontré qu’il s’agit là de la « construction d’un territoire à risques »¹ , et que l’anthropisation des franges côtières est en cause. Désormais, recul du trait de côte, submersions marines et inondations brutales menacent l’habitat côtier.
Depuis la tempête Xynthia (2010), l’adaptation des territoires littoraux aux aléas naturels est devenue une question de premier rang. L’action publique et la recherche universitaire considèrent cette frange géographique « comme territoire de projet ». Dans les outre-mer, la question prend une dimension particulière entre des marges de manœuvre circonscrites par l’insularité, et l’intensité des phénomènes naturels (tempêtes tropicales, ouragans, entre autres). En 2016, la commune du Prêcheur (97250, Martinique) entame une stratégie de recomposition spatiale. Depuis la prospection initiale jusqu’à l’opérationnel, la démarche s’opère de l’échelle territoriale, à l’échelle architecturale, et tente aujourd’hui une expérimentation à l’échelle des matériaux et filières associées.
Cette recherche entend étudier ce processus transcalaire. À l’heure où les stratégies de résilience déploient des planifications spatio-temporelles souples et adaptables, où l’architecture re-explore le bio-climatisme, et où les ressources locales posent la question des cultures constructives, entre théorie prospective et réalité opérationnelle, la recomposition de ce littoral peut-elle aboutir à l’émergence de solutions durables aux différentes échelles de projet : territoriale, architecturale, et ressources constructives ? Plus largement, l’étude de ce territoire créole ne peut-elle pas éclairer des situations métropolitaines ? Il s’agit d’interroger le changement du climat (et aléas associés) comme vecteur de renouvellement des cultures locales.
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Cadre du doctorat
◖ Direction de thèse
Sébastien Marot (HDR)
laboratoire OCS, Ensa Paris-Est
◖ Cadre du doctorat
2024-en cours
Thèse sous contrat d'allocataire de recherche de l'ADEME
◖ Environnement de recherche
Laboratoire OCS
Unité de recherche mixte AUSser, Université Gustave Eiffel
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Sur la recherche
◖ Mots clés
changement climatique, risques littoraux, recomposition spatiale, créolité, architecture bioclimatique, cultures constructives
◖ Affiche scientifique

¹ Auly, Laegat, Prat, 2014 –
Illustration →
Jack Berthelot, et Martine Gaumé, « Kaz Antiyé, Jan moun ka rété » (l’habitat populaire aux Antilles), introduction à « Caribbean Style » éditions Perspectives Créoles, 1986. p74.
