École d’architecture
de la ville & des territoires
Paris-Est

Le littoral comme territoire de projets

    Les terrains de recherche
    Cinq grandes familles de terrains de recherche

    Les fondements méthodologiques exposés plus haut, par leurs caractères transversaux nous amènent à proposer cinq familles de terrains cristallisant des problématiques très concrètes.
    La littoralisation des rivages nous invite à réinterroger l’avenir des territoires métropolisés et urbains actuels et du patrimoine des stations balnéaire remarquables. Dans ce sens, nous entendons orienter notre regard sur le patrimoine bâti, mais aussi les espaces publics et naturels remarquables qui constituent forment un paysage singulier dans les stations balnéaires. Notre regard s’orientera également sur l’adaptation des métropoles et mégalopoles industrielles et portuaires, dans lesquelles la juxtaposition d’infrastructures, de noyaux fortement urbanisés et d’éléments industriels importants portent des enjeux majeurs.
    Les risques liés à la montée des eaux notamment, ont fait apparaitre l’extrême urgence d’intervenir sur les territoires insulaires et ultra-marins. Ces terrains subissent actuellement les conséquences du changement climatique, et à ce titre, nous livrent les orientations futures des conséquences du changement climatique : accroissement des vulnérabilités socio-économiques, écologiques, juxtaposition des aléas…
    Notre regard s’oriente ensuite sur les milieux rétro-littoraux, dont la place est fondamentale dans la démarche de projet de territoire que nous entendons mener. Les épaisseurs territoriales singulières qui se démarquent des différents terrains d’étude sont autant de situations permettant de penser l’allégement des pressions urbaines sur le trait de côte actuel, et d’insuffler des réponses de projet multiscalaires.
    Enfin, les eaux intérieures que constituent les territoires lacustres en arrière-pays des rivages sont des sites dont les atouts peuvent être aujourd’hui des contrepoints aux problématiques de littoralisation en vue des enjeux climatiques.

    1. Le patrimoine des stations balnéaires vieillissantes

    Si le tourisme représente jusqu’à présent l’un des principaux vecteurs de l’attractivité du littoral, ce secteur économique connaît aujourd’hui des mutations qui obligent à repenser les stations balnéaires héritées des 19e et 20e siècles à l’aune de différents enjeux contemporains. Dans ce cadre, la rénovation des stations balnéaires vieillissantes est un sujet majeur dans la mesure où elle est une opportunité pour renouveler l’image de ces stations balnéaires, comme l’a montré le lancement récent du Plan Littoral 21. D’autres initiatives, comme celle initiée par le Ministère de la Culture pour labelliser des bâtiments ou des secteurs emblématiques de ces stations comme « patrimoine du 20e siècle », donnent à ces ensembles construits une légitimité sur le plan culturel, dimension qui faisait défaut dans une lecture trop souvent limitée à celle d’une simple conséquence du tourisme de masse. Cependant, il nous semble que cette quête d’un nouveau dynamisme gagnerait à s’associer plus étroitement à la prise en compte des enjeux environnementaux, aujourd’hui davantage considérés comme une contrainte ou une menace que comme une composante de projet. C’est pourquoi pour ce premier terrain de recherche, nous proposons de regrouper sous la bannière du « patrimoine » non seulement les édifices, mais aussi plus généralement les espaces publics et les sols naturels avec lesquels ils composent le paysage dynamique du littoral balnéarisé.

    2. Les grandes villes, métropoles et mégapoles industrielles et portuaires

    L’adaptation des grandes villes littorales aux risques et aux effets du changement climatique, et en particulier des villes dont l’activité dépend étroitement des infrastructures industrielles et portuaires, constitue un terrain de recherche singulier. Les vulnérabilités écologiques et économiques y sont entremêlées : parce qu’elles sont nécessairement implantées en zones exposées aux aléas, les villes portuaires sont fortement exposées. Leur adaptation est identifiée à l’international comme enjeu majeur, mais reste un sujet de recherche peu abordé, notamment en raison d’une certaine opacité liée aux enjeux industriels et commerciaux.

    3. Les territoires insulaires et ultra-marins

    Parmi les littoraux, les territoires insulaires apparaissent comme des terrains de recherche particuliers : lorsque l’île est peu étendue, c’est l’ensemble du territoire qui peut être considéré comme exposé à la dynamique littorale, dynamique bien souvent associée à d’autres aléas. étant donné les marges de manœuvre limitées, il faut alors redoubler d’ingéniosité pour s’adapter et « rester » : un impératif, comme l’ont montré les travaux de la chaire menés sur l’île d’Oléron, mais aussi en Martinique et en Guadeloupe. La condition tropicale exacerbe là encore les enjeux liés aux risques et au changement climatique : s’y expriment presque tous les phénomènes naturels les plus puissants, et ce parfois en se conjugant les uns avec les autres. Les territoires ultra-marins, paradoxalement sous-dotés en ingénierie et en moyens financiers, font se superposer vulnérabilité climatique et économique.

    4. Les milieux rétrolittoraux

    Le « trait de côte » renvoie toujours à une épaisseur territoriale beaucoup plus grande, mais dans beaucoup de cas, les caractéristiques-mêmes des milieux associés au littoral font de toute stratégie de retrait une question de « ménagement » de milieux aussi remarquables que fragiles. Qu’il s’agisse de lagunes, de salines, de marais, de forêts établies sur des systèmes dunaires étendus, de chapelets d’étangs, de valleuses et de ravines à la biodiversité précieuse, ou encore de plaines alluviales fertiles dédiées à une agriculture à haute valeur ajoutée, ces paysages sont peu compatibles avec l’urbanisation diffuse qui bien souvent accompagne l’attrait pour le littoral. La relocalisation d’activités libérant le trait de côte y est d’autant plus critique que les valeurs patrimoniales et écologiques s’y rejoignent. Pourtant, l’extrême qualité de ces milieux rétrolittoraux est, dans les cas les plus ordinaires des situations littorales, une chance pour envisager la relocalisation, pour peu que l’on fasse de leurs qualités paysagères et écosystémiques un atout du redéploiement. Nous avons d’ores et déjà rencontré ces situations dans le val d’Argens, à Hyères ou à Lacanau, sur le littoral du Languedoc ou l’étang de Berre, mais aussi à Cabourg et ses marais, à Vias et sa campagne traversée par le canal du midi et ses ouvrages remarquables. La compréhension des ressources remarquables de ces milieux stimule d’ailleurs l’approche pluridisciplinaire qui est celle de la chaire, en associant aux dimensions paysagères très fortes des compétences en terme d’écologie, très souvent d’histoire, d’hydrologie des grands dispositifs aquatiques (salines, étangs). Cette catégorie, déjà souvent explorée par notre équipe, constitue un terrain de recherche prioritaire.

    5. Les eaux intérieures

    Un pan moins exploré de notre loi Littoral concerne les rivages lacustres, dont les problématiques sont à la fois proches des territoires des côtes maritimes et tout à fait spécifiques. Le niveau de l’eau y fluctue d’ores et déjà de manière importante et peu prévisible, d’autres formes d’érosion et de fragilisation des berges sont à l’œuvre, en lien avec les dynamiques propres aux massifs de montagne qui les accueillent. Ces territoires, marqués par une anthropisation plus ancienne que le bord de mer et souvent urbanisés jusqu’à la saturation, constituent néanmoins aujourd’hui des contrepoints à la fois efficaces et fragile aux effets prévisibles du changement climatique sur les établissements humains, îles de fraîcheur menacées au cœur des systèmes urbains.

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