L’habitat en situation d’incertitude par Montevideo.

jeudi 10 avril 2025
à 18:00
séminaire de recherche

Les marges apparaissent comme une notion floue sinon polysémique des disciplines de l’espace, évoquant autant les bords de cours d’eau ou de côtes que des territoires oubliés, à l’écart de l’intérêt d’investigation des professionnels et des politiques. Elles catalysent particulièrement les aléas physiques et sociaux de l’habitat modeste et les conditions géohistoriques de son processus de fabrication. Notre travail part d’une intuition formulée il y a plus de dix années au sein la capitale uruguayenne de Montevideo située au bord du Rio de la Plata où certaines populations se sont installées dans les marges de cours d’eau et des côtes au cours du XXe siècle. Avec les capacités à faire, à construire et à modifier sans cesse les établissements humains, qualifiés de marginalisés, les architectes soulèvent les relations nouées avec les dimensions géomorphologiques et climatiques des sites. Ces conditions questionnent également la capacité à saisir les processus de matérialisation de territoires traversés par d’importantes transformations. Dans un contexte d’incertitude, où les conséquences du changement climatique mettent en lumière les inégalités socio-spatiales, la thèse entend éclairer ce que peuvent signifier les marges comme territoires physiques, associant les dimensions géomorphologiques, les transformations historiques et les ingéniosités de l’habitat, pour produire des connaissances nouvelles pour l’architecture et le projet.
Ce travail propose d’explorer, d’interroger et de faire émerger, à partir des marges, entendues comme territoires, les cadres conceptuels nécessaires, ainsi que leurs limites, à l’élaboration du processus de conception du projet d’architecture dans un contexte au XXIe siècle caractérisé plus que tout autre par les incertitudes, et leur conscientisation. L’objectif de la thèse consiste, d’une part, à montrer comment les marges constituent une question théorique pour l’architecture, en traversant des champs épistémologiques qui concourent à la compréhension de la matérialisation d’enjeux environnementaux et humains qui se rencontrent au cours du XXe siècle. D’autre part, il vise à saisir la façon dont ces niveaux de réflexion se révèlent à travers l’ajustement nécessaire des outils de lecture du projet comme modes d’appréhension de différents terrains à Montevideo. Enfin, par là même, les marges permettent des explorations et des expérimentations d’outils conceptuels capables d’être actifs au sein des situations d’incertitude climatiques dans le futur.

Etienne Randier Fraile est architecte, docteur, ingénieur de recherche à l'OCS et de l'université Gustave Eiffel, enseignant à l'Ensa Grenoble. Il vient de soutenir sa thèse de doctorat en architecture au sein de l'équipe de recherche AE&CC de l'Ensa Grenoble sous la direction d'Aysegül Cankat, et la présente communication reviendra sur cette recherche.