École d'architecture
de la ville & des territoires
Paris-Est

Architecture et urbanisme de l’électricité

Crises et transformations d’une infrastructure moderne

jeudi 30 juin 2022
à 15:00
Soutenance d'HDR de Fanny Lopez
à la bibliothèque

Jury
Pierre Caye, Directeur de recherche, Centre Jean Pépin CNRS/ENS (UMR 8230)
Olivier Coutard, Directeur de recherche, CNRS (LATTS)
Antoine Picon, Directeur de recherche, École des Ponts et Chaussées, LATTS (UMR 8134) et Professeur, Harvard University (garant de l’habilitation)
Nathalie Roseau, Professeure, École Nationale des Ponts et Chaussées, Directrice de recherche, LATTS (UMR 8134)
Dominique Rouillard, Professeure, École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, directrice du LIAT
Rosalind Williams, Professeure Bern Dibner émérite, Massachusetts Institute of Technology

Résumé
Le premier volume, le rapport de synthèse, Vers d’autres mondes électriques – Espaces, échelles et imaginaires techniques, s’attache à dessiner une trajectoire de recherche autour des infrastructures électriques et des rapports entre espace, esthétique, technologie, imaginaire et politique. Les liens entre histoire de l’urbanisme et histoire de l’électricité sont déclinés à travers cinq thématiques transversales : Architecture, forme et échelle des infrastructures ; Crises des grands réseaux de l’urbanisme moderne ; Transformations infrastructurelles et spatialités décentralisatrices ; Monuments et ruines du service public ; Imaginaire politique des réseaux.
La forme des flux et leur réorganisation décentralisatrice comme réponse à la crise des infrastructures posent d’immenses défis d’aménagement. Depuis la fin du XIXe siècle, grand siècle de l’ingénierie, l’historiographie classique reconnaît la place centrale des réseaux électriques dans les processus d’urbanisation. L’hypothèse de cette HDR est que le chantier qui se présente aujourd’hui est de la même envergure. La modification des structures matérielles, des outils de régulation et de gouvernance, et des imaginaires dessinent de nouvelles territorialités réticulaires. Puisqu’il ne pourra y avoir de transitions énergétiques sans de profondes transformations structurelles, les préfigurations spatiales nécessitent un indispensable travail spéculatif pour qu’advienne la juste échelle de la « réticularisation des différences ».

Le deuxième volume, le manuscrit inédit, Le territoire des data centers dans le grand parc des machines électrico-numériques, propose d’étudier les impacts spatiaux et électriques de l’infrastructure numérique, en particulier des centres de données en Europe et aux États-Unis. Le continuum électrico-numérique fusionne dans une infrastructure dont on peine à distinguer les rouages, trop grands, trop complexes. Alors que le numérique accompagne une électrification massive des usages (objets connectés en tout genre et numérisation des services), le système électrique, lui, dépend de plus en plus du numérique pour fonctionner (maintenance, flexibilité, pilotage en temps réel). Le tout nécessite toujours d’avantage d’infrastructures pour interconnecter et traiter les données mais aussi d’infrastructures de production et de distribution électrique pour les faire fonctionner. L’analyse des architectures des connexions infra-territoriales du numérique révèle une infrastructure électrique à bout de flux. Saisir le numérique par sa matrice électrique, c’est recomposer une intelligibilité matérielle. Éclairer cette spatialité et les enjeux de sa conception, de son déploiement place les disciplines de l’aménagement en première ligne.

Le troisième volume rassemble une sélection de dix-huit travaux réalisés depuis ma titularisation dans les ENSA en 2010 sur les architectures et les paysages de l’énergie, les infrastructures électriques et télécoms, l’esthétique des nouvelles centralités énergétiques, les transformations et transitions infrastructurelles urbaines et territoriales, l’autonomie énergétique et les micro-réseaux. Ouvrages, chapitres d’ouvrages et articles analysent l’évolution de la spatialité des régimes socio-techniques dans une perspective qui croise l’histoire et la théorie de l’architecture et de l’urbanisme avec l’histoire des techniques.

Illustration :
Circuit du « Dominium », John Adolphus Etzler, The New World ; or Mechanical System to Perform the Labours of Man and Beast by Inanimate Powers, That Cost Nothing, for Producing and Preparing the Substances of Life, Philadelphie (PA), C. F. Stollmeyer, 1841.