Marinika Sadgyan

Ce projet de thèse interroge les relations entre mémoire, écologie et création artistique dans le contexte post-soviétique du Karakalpakistan, république autonome située au nord-ouest de l’Ouzbékistan. Cette région est profondément affectée par l’assèchement de la mer d’Aral et par les transformations climatiques qui ont suivi cette catastrophe écologique. À travers une approche à la fois critique et sensible, il s’agit d’envisager les paysages non seulement comme des milieux naturels bouleversés par les changements environnementaux, mais également comme des vecteurs de récits, d’émotions, d’identités et de formes de résistance. En mobilisant notamment le concept de solastalgie (Glenn Albrecht), la recherche propose d’appréhender l’effondrement écologique à la fois comme un traumatisme paysager et comme une perte culturelle, sensorielle et politique.
La thèse adopte une démarche interdisciplinaire croisant des approches issues de la géographie humaine, de l’écologie politique, des Memory Studies, des Visual Studies, ainsi que des pratiques artistiques. Elle s’appuie sur un corpus de sources variées : archives historiques, productions culturelles, témoignages oraux et œuvres artistiques contemporaines. Un volet de création constitue un élément central du projet : une intervention spatiale, réalisée au Karakalpakistan dans un espace urbain souterrain symbolique, puis ultérieurement en France, interrogera la disparition de la mer, à la fois comme phénomène observable et comme réalité sensoriellement inscrite dans les corps et les lieux. Ce dispositif d’exposition vise à traduire visuellement et spatialement les enjeux mémoriels du paysage tout en sensibilisant à l’imminence d’autres catastrophes écologiques — soudaines ou progressives — susceptibles d’affecter différents territoires.
Ce projet entend contribuer à une meilleure compréhension de la résilience paysagère et culturelle, tout en proposant une réflexion critique sur le rôle de l’art comme outil de mémoire, de soin et de conscience écologique. Il s’inscrit pleinement dans la démarche de la thèse par le projet, articulant rigueur scientifique et expression artistique engagée.