École d’architecture
de la ville & des territoires
Paris-Est

Sur la piste des poissons

    L’impact de la vie sous-marine sur l’environnement bâti

    Le projet vise à dégager les liens complexes qui unissent la biologie marine et l’environnement bâti en prenant pour point de départ les poissons et les algues. Examiner les activités humaines axées sur les ressources marines permet de retracer l’histoire de nombreux développements urbains et d’environnements bâtis. Souvent considérés comme deux univers séparés, la mer et la terre ferme s’inscrivent néanmoins dans un continuum caractérisé par des interactions sociales et physiques constantes. Songez par exemple à la pêche sardinière ou à l’utilisation des algues comme nutriments agricoles : chacune de ces activités représente un moyen de subsistance et encourage la croissance économique tout en nécessitant des structures architecturales spécifiques. Suivre la piste des poissons ou des algues nous conduit à observer leur impact sur les constructions terrestres, du développement de vastes conserveries industrielles à l’aménagement du territoire à des fins agricoles. Cette piste permet en outre de tisser des liens entre ces deux activités, dans la mesure où les mêmes personnes travaillaient fréquemment dans les pêcheries l’été et dans les champs l’hiver. Ainsi pouvons-nous envisager l’histoire de l’architecture sous un angle biologique et relier les problématiques complexes liées à l’écologie marine et à la transformation de l’environnement bâti terrestre.

    La proposition d’étendre ce projet, inauguré au sein l’école d’architecture de l’université du Minho, au contexte de l’I-Site s’inspire des recherches menées par la Chaire Le littoral comme territoire de projet lancée par l’Éav&t. On suppose généralement que les écosystèmes océaniques sont déconnectés de leurs équivalents terrestres, avec une activité humaine exploitant voire ravageant la faune marine. Cette affirmation n’est pas fausse, et l’impact considérable de cette activité sur les écosystèmes marins est bien documenté. Cependant, on n’a pas encore étudié les conséquences de cette activité sur le rivage et sur l’environnement bâti lié aux fluctuations marines. Selon le premier postulat de cette recherche, le poisson, une fois capturé, doit être ramené sur le rivage et transformé en vue de sa distribution et de sa consommation.

    Plusieurs équipements ont été construits dans ce but : débarcadères, hangars, supports de séchage et usines de conserverie. Cet environnement autrefois vernaculaire ou préindustriel a fait l’objet d’une industrialisation durant le XIXe siècle pour aboutir à une série de systèmes logistiques complexes à la fin du XXe siècle. Jusqu’au XXIe siècle, la plupart des poissons étaient pêchés et commercialisés en fonction de leur espèce et, malgré la diversité des prises, la transformation ne concernait qu’une seule espèce. L’histoire de la pêche sardinière diffère de celle de la pêche morutière, et ces deux secteurs ont engendré des paysages très différents. Il est par conséquent possible de cartographier et de décrire les paysages de la pêche selon les espèces exploitées et retracer leur évolution de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XXe siècle. Le second postulat est le suivant : le paysage se transforme à mesure que la technologie de la pêche évolue. Le chalutage diesel a donné lieu à des prises plus volumineuses, qui ont à leur tour nécessité l’élaboration de nouvelles méthodes de transformation, de nouveaux équipements industriels et par conséquent façonné un nouveau paysage. Le développement de ces usines a provoqué l’intensification de la demande de ressources et de la pression sur les stocks de poisson. Aussi pouvons-nous dégager les liens entre des installations dédiées à la transformation d’espèces marines spécifiques et la pression qu’elles exercent sur les ressources naturelles. Mon hypothèse de recherche découle de ces deux postulats. Si le paysage terrestre et l’écosystème marin sont transformés par la pêche, il est possible de décrire les interactions à l’œuvre entre la mer et le rivage. En mesurant l’influence de la mer sur les développements urbains et vice versa, nous serons en mesure de dégager les liens de continuité entre la biologie marine et l’urbanisation.

    Publication
    - Un chapitre dans le livre Architecture follows fish. For socio-ecology of the north-Atlantic qui sera publié en septembre 2024 par MIT Press (Cambridge, Massachusetts, États-Unis)
    Diffusion
    - Séminaire de recherche « Les poissons bâtisseurs » au laboratoire AMURE, le 10 juin 2021
    - Conférence « Les poissons bâtisseurs » à l’Eav&t, le 1er avril 2022

    Porteurs du projet
    André Tavares
    (Architecte, docteur en architecture et professeur invité au sein de l’Éav&t), chercheur associé à l’OCS

    Partenaires hors-école
    Ecole d'architecture de Porto (Faculdade de Arquitectura da Universidade do Porto, FAUP) - Centre d'Études d'Architecture et d'Urbanisme

    Programme de recherche
    Appel à projet I-Site Future AAC-2020 « call for visiting professors »

    Financeur
    programme I-Site Future coordonné par l’Unversité Gustave Eiffel

    Durée et statut
    De janvier 2021, jusqu’à décembre 2023 - en cours
    (Rendu d’un rapport de travail intermédiaire en juin 2022)

    Images

    • Boulogne-sur-Mer, Arrivée du poisson. Cartes postales pour l’enseignement de la géographie, Paris, F. Nathan.
    • Lorient-Kéroman, Construction de l’entrepôt frigorifique, 1920-1922
    • Douarnenez, Conserves, fabrication des boîtes. Cartes postales pour l'enseignement de la géographie, Paris, F. Nathan

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