Emmanuel Breton
Une Beauté ordinaire
L’héritage des Smithson dans l’architecture britannique contemporaine
Alors que la scène britannique des années 80 et 90 était dominée par l’architecture dite high-tech et les courants postmodernistes ou déconstructivistes, une génération de jeunes architectes dont les figures de proue sont Tony Fretton, Jonathan Sergison et Stephen Bates, ainsi qu’Adam Caruso et Peter Saint John, semblent volontairement à contre-courant. Sans former un mouvement ni être de leur propre aveux véritablement proches, ils entretiennent néanmoins des affinités et des valeurs qui permettent, à travers leurs démarches et discours, de penser une attitude commune dans la conception du projet, qui aujourd’hui trouve une actualité singulière face aux enjeux de la transformation des lieux.
Ni manifeste, ni méthode ou encore école, c’est la subtilité d’une attitude fondée sur des valeurs communes, autorisant des applications et interprétations variées, qui fonde pourtant la cohérence de cette approche architecturale. Il y a là quelque chose de l’ordre de la manière de faire, de la manière de voir, de considérer le monde, de prêter attention aux choses, d’accorder de la valeur et de l’importance à des réalités matérielles, mais aussi immatérielles, des idées, des principes.
Les affinités auxquelles on reconnaît cette attitude commune se sont formées attentives et comme à l’écart des courants dominants de l’après-guerre : le rapport au lieu, son histoire, son caractère matériel et l’attention constructive. Cet ensemble axiologique gravite autour des notions d’ « As found » et de « conglomerate ordering » au positionnement éthique du « nouveau brutalisme » des Smithson, tout en se rapprochant des notions de « forme lieu » et de « tectonique » défendues par Kenneth Frampton à l’époque où ces architectes commençaient pour la plupart leur carrière.
Aujourd’hui c’est dans l’intervention sur et la transformation de l’existant que ces enjeux s’expriment ; existant entendu à la fois en un sens restreint de l’édifice ou du lieu, mais également large, comme contexte, social, économique, aussi bien comme milieu et climat. Les enjeux qui impactent nos cadres de vie à des échelles mondiales et territoriales trouvent ici leur prise en compte à l’échelle de l’édifice.
Plus profondément, une des hypothèses de travail est d’expliquer le positionnement de ces architectes par un rapport commun au mouvement moderne et au classicisme, dans une tentative de réconcilier les deux, ici, Gunnar Asplund et Sigurd Lewerentz semblent avoir été des figures tutélaires de ce lien entre « tradition » et modernité, autre manière de s’inscrire dans un héritage et la transformation de ce déjà-là.
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Cadre du doctorat
◖ Direction de thèse
Paul Landauer (HDR)
laboratoire OCS, Ensa Paris-Est
Luc Baboulet(HDR)
laboratoire OCS, Ensa Paris-Est
◖ Cadre du doctorat
2023-en cours
Thèse auto-financée
◖ Environnement de recherche
Laboratoire OCS
Unité de recherche mixte AUSser, Université Gustave Eiffel
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Sur la recherche
◖ Mots-clés
architecture contemporaine, édifice, lieu, as found, existant, transformation, théorie, culture constructive, conception, méthode, attitude de conception, tectonique, Smithson, Fretton, Sergison Bates, Caruso St John
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Illustration →
Alison & Peter Smithson, Upper Lawn Pavilion, Tisbury, Royaume-Uni, 1962. © Lorenzo Zandri
Caruso St John, Studio House, Londres, Swan Yard, Royaume-Uni, 1993-1994. © Caruso St John Architects
