Charles Rives
Faire la ville en décroissance
Les projets d'aménagement français à l'épreuve de la décroissance : le cas de l'Écoquartier de l'Union (59) et du projet manufacture plaine Achille (42)
La ville décroissante ou rétrécissante s’observe depuis les années 1970 aux États-Unis et les années 1980 en Allemagne. Le phénomène exprime l’effet conjugué du déclin démographique et d'un affaiblissement économique pour une ville ou un territoire (Cunningham-Sabot, Fol, Roth, 2014). Depuis les années 2000, la ville en décroissance fait l’objet de nombreuses recherches en Europe. Désormais globale, étendue et complexe, la décroissance urbaine est un phénomène en menaçante propagation qui touche aujourd’hui durablement « des villes de toutes tailles et de spécialisation économiques diverses » (Cunningham-Sabot, Fol, Roth, 2014). En France l’étude est bien plus restreinte et tardive. Mais comme le montrent les travaux récents des géographes Nicolas Cauchi-Duval, Frédérique Cornuau, et Mathilde Rudolph (2017), la décroissance urbaine n’épargne pas le cas français et touche plus d’un tiers des aires urbaines en France métropolitaine. Or la croissance est en France un paradigme culturel, un préalable à la conception de la ville – si ce n’est son but – comme l’illustrent tant les projets politiques et les politiques urbaines associées que les documents réglementaires (SCoT, PADD, etc.) ou encore les programmes dans la commande publique. Dans un contexte de métropolisation continue et de compétitivité des territoires, l’attractivité est une fin qui préside les projets urbains et architecturaux.
Il apparaît donc stratégique d’interroger l’efficience des pratiques et théories architecturales et urbaines contemporaines au prisme de ces nouveaux territoires de projet. Si le thème de la décroissance urbaine fait l’objet de nombreuses recherches, dans les domaines de la géographie, des sciences sociales et politiques, de l’économie et de l’aménagement urbain, l'approche de cette question par le champ de l’architecture reste peu courante, quand bien même le phénomène affecte directement les composants de la ville. Le programme de recherche international « Shrinking cities », mené par l’architecte Philipp Oswalt au début des années 2000 fait ainsi référence en considérant que la décroissance urbaine est un lieu propice à l'avènement d’une nouvelle pensée architecturale et urbaine. Au travers de cas français, ma recherche entend nuancer ou compléter l’hypothèse d’Oswalt en étudiant comment les modes de fabrications de « la ville sur la ville », mobilisés dans les projets d'aménagement de friches industrielles et les pratiques architecturales et urbaines qui y sont associés, nécessitent d’être repensés pour répondre aux enjeux de la décroissance urbaine.
Charles Rives
Thèse de doctorat en architecture préparée sous la direction de Paul Landauer et Sébastien Marot depuis 2018.
Financement : convention industrielle de formation par la recherche (Cifre) avec l'Atelier Georges (2018-2021).
Image : Écoquartier de l’Union, rue des métissages et « lots à bâtir », photographie Obras, 2016