L’épaisseur de l’architecture
Études sur les formes contemporaines de l’isolation
La nécessité du plein
Études sur l'épaisseur en architecture
L’objectif majeur de cette recherche est de situer l’isolant au sein du débat architectural actuel. Au-delà de ses performances thermiques et d’une course aux labels, il a un rôle fondamental à jouer dans la conception et la forme des bâtiments. L’isolant, et la thermique de manière plus générale, peuvent être supports d’idéaux et d’ambitions environnementales fortes, et pourraient décaler la théorie et la discipline vers des champs d’investigations encore sauvages et immaculés.
Le matériau
Un matériau est avant tout une ressource naturelle : il est un produit ou un fragment du sol. Afin de devenir un élément d’architecture, il subit différents temps et moyens de transformation, plus ou moins longs et plus ou moins consommateurs d’énergie. Cette connaissance de ces étapes, et du devenir architecture de la matière, est une occasion d’augmenter la notion de rationalisme constructif. En plus de révéler une mise en œuvre, l’assemblage doit considérer l’économie de la transformation, du déplacement et de l’énergie engagés par la construction.
Nature culture
Construire un bâtiment, c’est manipuler la matière, lui donner ordre et forme par le geste et la pensée. Au départ dénuée de sens, la matière traverse de nombreuses étapes et devient architecture. La ressource naturelle, après extraction, transformation, déplacement, devient élément culturel. C’est son appartenance à un assemblage maîtrisée qui charge la ressource de significations. Et, inversement, c’est son appartenance à un territoire identifié qui charge l’assemblage de territorialité.
Territoire
Ce rapport entre territoire et construction, entre architecture et ressource, est une nécessité. Elle impose aux bâtiments une nouvelle conscience de la provenance des matériaux, par la mesure de l’énergie engagée dans son déplacement et sa transformation. Indirectement, c’est aussi la mesure de l’impact environnemental de tout système constructif sur la planète.
Quelle culture pour le second-œuvre
La discipline architecturale a longtemps placé au-devant des réflexions la structure du bâtiment, c’est à dire les éléments ayant un rôle porteur dans l’édifice, et communément appelé aujourd’hui le gros-œuvre. L’Antiquité, le Gothique, la Renaissance sont autant de moments pendant lesquels la structure engage la dimension permanente de l’architecture et autorise une appartenance à l’histoire et aux temps longs.
Au XIXe siècle, l’apparition de nouveaux matériaux issus d’une industrialisation naissante offre de nouveaux horizons constructifs et spatiaux pour l’architecture. Ce sont la gravité et son corollaire, la structure, qui réoccupent le centre des préoccupations des avant-gardes et qui bouleversent la pensée des académiciens trop occupés à reproduire des images du passé, plus que des constructions raisonnées.
Nouvelle époque, nouveau paradigme : l’environnement. Comment alors, poursuivant cette même méthode du rationalisme, engager une nouvelle ère pour penser l’architecture ? Comment renouveler certains automatismes afin d’adapter la construction aux bouleversements climatiques que nous traversons ? La structure et le gros œuvre sont-ils les seuls éléments pouvant porter l’élan écologique ? Les autres éléments de l'assemblage, le second œuvre et l’isolant, ne peuvent-ils pas se charger, eux aussi, d’intentions culturelles et d’engagements environnementaux ?
Publication Publication sous la forme d’un objet éditorial |
Porteurs du projet
Thibaut Barrault,
architecte (agence Barrault-Pressacco), enseignant à l’Éav&t
Cyril Pressacco,
architecte (agence Barrault-Pressacco), enseignant à l’Éav&t
Giaime Meloni,
photographe, docteur en architecture, enseignant à l’Éav&t et chercheur membre de l’OCS
Partenaires hors-école
Sandrine Marceau
(CPDM Gustave Eiffel, Laboratoire Comportement Physico-chimique et Durabilité des Matériaux), chargée de recherche
Programme de recherche
Appel à candidatures « pour la recherche en architecture et paysage », 2020
Financeur
Institut de recherche de la Caisse des Dépots et des Consignations
Durée et statut
2020 - en cours. Conclusion prévue en 2022.
Images
Photos ©Giaime Meloni
Image au microscope ©Sandrine Marceau.