Raphaël Ménard
Énergie, Matière, Architecture
Cette thèse explore les relations entre l’architecture, l’énergie et la matière. Elle analyse l’influence de la disponibilité des matières et des énergies sur les métamorphoses de l’architecture au cours des âges. Elle présente les fondements d’une architecture renouvelable et d’un urbanisme soutenable, capables de s’affranchir des énergies fossiles et des matières non renouvelables. À cette fin, ce travail crée un pont entre deux approches : d’un côté celle issue d’une culture technique, auscultant la durabilité par des métriques de soutenabilité, de l’autre, par des réponses fruits de l’art de concevoir, de la culture du projet, d’une approche humaine et qualitative des enjeux environnementaux. Ce mémoire comporte 29 chapitres répartis en trois parties, chacun d’une vingtaine de pages, rédigés de telle sorte à permettre une lecture autonome.
La première partie, « Une histoire en sept temps », consiste en une brève histoire de l’architecture, narrée selon sept séquences (du temps I au temps VII), dont le postulat est le suivant : la disponibilité et l’usage des énergies et des matières, leur caractère renouvelable ou non, sont les déterminants essentiels de l’art de bâtir et d’aménager. Selon cette dissection chronologique, en comparant les flux d’énergies et de matières, cette partie analyse sur un même plan plusieurs références à travers les âges. Plus tard, et depuis la Modernité, cette partie se positionne sur les impasses de théories ou de références considérées comme durables, qui porteraient tantôt – parfois excessivement – leur regard sur l’énergie (le temps V), ou au contraire sur la matière (le temps VI). Toujours selon ce référentiel énergie-matière, cette section ausculte des architectures singulières, les énergies renouvelables, ferments du temps VII, le terme de cette fresque.
La deuxième partie, « Éléments d’architectures renouvelables », propose des chapitres plus techniques, permettant d’aller plus loin sur les aspects quantitatifs du temps VII, ce nouveau paradigme de soutenabilité, intégrant également les contingences de l’urgence climatique. Pour cela, cette section fournit des outils pour dimensionner et proportionner un art de « concevoir renouvelable », à l’aune de quelques invariants terrestres. Cette partie interpelle les enjeux temporels et décrit la métrique des temps de retour écologiques ; elle propose quelques clés pour des aménagements soutenables, gouvernés d’abord par les densités de population. De façon plus personnelle, cette partie s’aventure dans le champ politique avec quelques propositions pour engager les transformations nécessaires : elles reflètent plus globalement les prises de position de l’auteur, parfois radicales, sur l’ensemble de ce document.
Toutefois, sans pouvoir « donner forme » à ce temps VII, la troisième partie, « Projets illustrés », décortique des expériences personnelles, réinterrogées selon les résultats des deux parties précédentes. Ce choix de projets, au cours de vingt années de pratique, illustre un large spectre d’expérimentations, de la petite jusqu’à la grande échelle, avec un regard rétrospectif volontiers critique. Avec quelques résultats nouveaux pour le temps VII, quelques chapitres proposent des développements théoriques afin de tester la dépendance des impacts énergie-matière à la dimension des artefacts analysés.
Raphaël Ménard
Thèse de doctorat en architecture par validation des acquis de l'expérience soutenue le 16 novembre 2018 devant un jury composé de François Fleury, Caroline Gallez, Robert Le Roy (directeur), Jean-Pierre Lévy, Mindjid Maïzia, Marjorie Musy et Marcel Pariat (référent VAE).
Image : Raphaël Ménard, Les sept temps de l'architecture, 2018.