École d’architecture
de la ville & des territoires
Paris-Est

Les apories du projet urbain face à la décroissance

Chronique du quartier de l’Union à Roubaix des années 1960 à nos jours

mardi 1 octobre 2024
à 14:00
Soutenance de thèse de Charles Rives

Jury
. Laurent Devisme, professeur et HDR, ENSA Nantes (rapporteur)
. Bénédicte Grosjean, professeure et HDR, ENSAP Lille (rapporteure)
. Catherine Maumi, professeure et HDR, ENSA Paris La Villette (examinatrice)
. Daniela Poli, professeure, Università degli studi di Firenze (examinatrice)
. Paul Landauer, professeur et HDR, Ensa Paris-Est, (co-directeur)
. Sébastien Marot, professeur et HDR, Ensa Paris-Est (co-directeur)

Résumé
La thèse analyse sous la forme d’une chronique des projets urbains de l’Union, à la frontière de Roubaix et Tourcoing, les théories et pratiques architecturales mobilisées pour la reconquête de territoires en déclin. Ce site constitue en effet un formidable territoire d’étude pour rendre compte d’une histoire de la pratique et de la pensée urbaine des soixante dernières années, et par là de leur décalage avec la réalité de la décroissance. Plusieurs raisons concourent à ce constat : ancienneté de sa décroissance, le projet de l’Union trouve ses origines à la suite du déclin de l’industrie textile du début des années 1960 ; densité des réflexions urbaines qui se sont succédé, notamment portées par des acteurs majeurs de la pensée urbaine des soixante dernières années ; et aussi ampleur des espaces abandonnés (80 hectares), laquelle a permis le côtoiement d’actions relevant d’échelles et de temporalités très variables.
En croisant une histoire de projet et une histoire des idées à l’aune de la décroissance, la recherche porte une réflexion sur la dialectique entre théorie et pratique, de même qu’elle contribue à éclairer une histoire récente mais néanmoins longue de l’architecture, rarement investiguée. En outre, elle entend contribuer à révéler un manque concernant le projet d’architecture dans les territoires en décroissance. En effet, ces situations tendent à se multiplier dans le monde occidental. Pourtant, que ce soit dans le champ de la pratique professionnelle, de l'enseignement ou plus généralement de la connaissance, nous continuons principalement d’y appliquer des modèles inopérants issus pour la plupart des années de croissance, ou de fantasmer les qualités de modèles théoriques spécifiquement pensés pour ces situations mais potentiellement lacunaires ou inadaptés aux enjeux contemporains.
À travers la chronique des projets urbains de l’Union, la thèse montre comment l’architecture a appréhendé la décroissance pour mener la transformation d’un territoire abandonné et comment, face à ce contexte, elle a tenté durant le dernier demi-siècle de reproduire ses modèles de conception et ses modalités d’action pensés pour la croissance. La thèse expose tout d’abord les ambiguïtés de la pensée et de l’action urbaine confrontées aux effets de la décroissance. Elle caractérise la manière dont l’une et l’autre sont mises en échec et relève les pistes d’actions qui cohabitent avec le modèle dominant, lesquelles - souvent marginalisées ou incomprises - sont pourtant susceptibles d’être plus adaptées au contexte rencontré. Ensuite, au prisme de notre cas d’étude et des enjeux contemporains, la thèse avance certaines insuffisances opératoires des théories pensées pour faire face à la décroissance, et propose de dépasser le régime d’opposition croissance/décroissance et leur urbanisme associé. En se saisissant des pistes de travail croisées durant le récit, elle énonce quelques hypothèses susceptibles d’accompagner la décroissance de l’Union, par un repositionnement de l’architecture du registre de la reconquête à celui de la maintenance.

↓ Illustration
Quartier de l'Union vue depuis la Rue des Métissages à Tourcoing
J. Reuillard pour le groupement Obras - ateliergeorges, février 2018.

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