École d’architecture
de la ville & des territoires
Paris-Est

4+1 figure

Isaline Maire

mercredi 17 janvier 2024
à 18:00
Séminaire de recherche

Palomar, roman publié en 1983 par l’écrivain italien Italo Calvino s’ouvre sur le récit de la description, par son personnage principal, d’une vague. Dans cette entreprise qui s’apparente à une quête, lente, méticuleuse et métaphysique, Monsieur Palomar s’attèle à observer ce qui l’entoure, dans un souci d’exploration du détail, de relevé du réel. Publié d’abord sous la forme de nouvelles parues entre 1975 et 1978 dans le quotidien national Il Corriere della Sera, le texte de Calvino est très vite décrié tant il se tient éloigné des préoccupations sociétales qui secouent l’Italie à cette époque. Et pourtant, il y avait dans cet exercice élémentaire, celui de décrire l’immuable mouvement des éléments qui nous constituent, un acte politique fondamental. Arrêter le vacarme du monde pour décrire pièce par pièce, les maux qui participent au mécanisme de son changement.

Rendre compte du réel, en détailler les composantes, était le fil qui conduisait implicitement la recherche doctorale. Décrire la réalité d’un phénomène, lui aussi métaphysique et lent comme la vague de Monsieur Palomar, celui de la montée des eaux sur le littoral entre Camargue et Ligurie, et des actions mises en place pour accompagner son inexorable mue. La recherche s’engageait alors dans une vaste entreprise d’exploration multiscalaire dont le dessin devait décrire les récits. Les matériaux récoltés étaient multiformes, multiscalaires et témoignaient de cette entreprise, peut-être mal mesurée au départ : comment rendre compte d’un changement global (démesuré?) dont le mouvement s’opère en temps réel, et dont les actions pour tenter d’en esquisser les directions, sont elles aussi, pluriformes.

Dès lors, l’entreprise de cette description nécessitait de faire un détour pour aller à la rencontre d’autres trajectoires de recherche qui ont fait de l’acte de décrire un exercice et l’objet même de leur exploration. Parmi ces trajectoires se révèlent cinq figures comme cinq moments de méthode recomposant la finalité de ce que nous pensions chercher. À travers ces cinq figures, Saverio Muratori et le dessin comme stratification de connaissance, Bruno Munari et la manipulation manuelle dans la transmission des langages, Paolo Rumiz et l’arpentage comme méthode d’enquête, Italo Calvino et la mise en récit comme engagement politique et Luigi Ghirri et la captation de l’ordinaire pour voir au-delà, la recherche replace l’intérêt d’une réflexion sur la méthode, pour redonner la mesure des choses et la posture par laquelle l’architecte peut prendre part.

Isaline Maire, architecte, doctorante aux laboratoires Inama (Ensa Marseille) et Urbanistica (Iuav Venezia), maîtresse de conférences associée à l’ENSA Paris-Est et ingénieure de recherche au laboratoire OCS/AUSser.

Illustration →
Ritratto di Luigi Ghirri a Boretto, Eredi Luigi Ghirri, 1989

Dans le cadre des séminaires de recherche du laboratoire OCS/AUSser
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